Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions d’achat, les entreprises et collectivités bretonnes se retrouvent face à un dilemme souvent trompeur : le prix affiché contre le véritable coût global, ou TCO (Total cost of ownership). L’étude de cas du granit breton nous fournit un exemple concret et édifiant.
Éclairer nos décisions en matière d’achat
Le TCO (total cost of ownership ou coût total de possession) est une méthode globale de calcul des coûts, également appelée coûts complets. Elle prend en compte, dans la mesure du possible, le prix d’achat, les coûts induits (emballage, transport, droits de douane), les coûts d’acquisition (coût de la fonction achats, coût du contrôle qualité, frais administratifs…) de mise en œuvre (démarrage, développement…), de possession (ex : la gestion des stocks), de fonctionnement (coût de l’énergie et des consommables, coût de maintenance intégrant par exemple les coûts de réparation, des pièces détachées, de l’entretien et de formation), ainsi que les coûts de fin de vie (traitement des déchets, recyclage) et les coûts des externalités et impacts, notamment environnementaux (ex : CO2).
Au-delà du prix facial : ce que révèle le TCO
Une récente étude menée par la Cellule Économique de Bretagne (Institut VEIA) pour le compte de l’indication Géographique Granit de Bretagne en est une parfaite illustration. Réalisée dans le contexte d’un chantier-type de 5 000 m² de pavés en région parisienne, elle compare l’approvisionnement en granit breton avec celui en granit importé, en intégrant des critères souvent négligés : prix d’achat, emplois locaux, bilan carbone, et contributions fiscales. L’usage du granit breton révèle des avantages économiques, sociaux et environnementaux indéniables lorsqu’on considère le Total Cost of Ownership (TCO), une méthodologie qui évalue l’ensemble des coûts induits d’un achat.
Des chiffres édifiants
Le granit importé de Chine peut paraître attractif avec un prix d’achat de 25 €/m² contre 40 €/m² pour le granit breton, mais si l’on intègre les coûts sociaux, les impacts environnementaux, et les contributions fiscales, la perspective change radicalement.
Le granit breton permet de réinjecter 72 % de son coût total dans l’économie locale, tandis que les importations ne dépassent pas 20 %. Quant à l’impact environnemental, les pavés bretons génèrent trois fois moins de CO₂ que leurs homologues importés. Ces chiffres ne laissent aucun doute sur la valeur d’un achat local.
Des répercussions économiques et sociales
Chaque entreprise et collectivité a un rôle à jouer dans le tissu social et économique de son territoire. Choisir le granit breton, c’est :
- Soutenir l’emploi local : les carrières et ateliers de transformation en Bretagne font vivre directement 2 500 personnes et bien d’autres indirectement, dans le transport ou les services liés.
- Préserver un savoir-faire ancestral : les pierres bretonnes, façonnées avec soin, témoignent d’une tradition artisanale unique, comme le prouve le succès du granit breton dans des projets prestigieux tels que le Jardin Mémoriel de Paris.
- Contribuer à la résilience économique : chaque euro dépensé pour un produit local renforce l’autonomie et la compétitivité des acteurs bretons.
Améliorer l’empreinte carbone et préserver la biodiversité
Sur le plan environnemental, l’achat de granit importé soulève des questions majeures. Les longs trajets nécessaires pour acheminer des pavés depuis l’Asie ou l’Europe du Sud triplent les émissions de CO₂. À l’inverse, les carrières bretonnes, soumises à des régulations strictes, garantissent des pratiques responsables et un faible impact écologique.
Le saviez-vous ? Les carrières, et notamment celles de granit du Pays de Dinan, restent des écosystèmes où la biodiversité peut être maintenue. L’UNICEM et Bretagne Vivante travaillent de concert à la préservation de cette biodiversité.
Acheter local, c’est investir dans l’avenir
Le granit breton n’est pas simplement une pierre, c’est un symbole d’engagement pour une économie durable et responsable. En intégrant le TCO dans leurs démarches, les entreprises et collectivités peuvent faire des choix éclairés qui soutiennent non seulement un produit de qualité, mais aussi les communautés et les écosystèmes qui en dépendent.
Relocaliser les achats, c’est faire le choix d’un avenir ancré dans le territoire, résilient et respectueux de la planète.